Cobaye - neutre - TERMINÉ

Parlons maintenant de la partie la plus complexe de ma personnalité. Comment vous l’expliquer pour ne pas passer pour un dingue ? Hum, malheureusement il n’y a pas plusieurs façons de le faire, je crois. Je suis un jeune garçon calme, détendu et très curieux. J’aime poser des questions dans le but d’en savoir plus sur tout. Je ne suis pas arrogant, je n’aime pas défier l’autorité ou des trucs dignes de ces délinquants qui sont prêts à risquer leur vie pour un rien. Seulement, j’aime comprendre, j’aime apprendre ce qui m’entoure. Je suis plutôt peureux également, cela n’aide pas souvent quand je dois affronter ce qui m’entoure. Maman disait de moi que j’étais son petit trésor et que je savais écouter les gens afin de toujours pouvoir être là pour les aider. Oui j’aime aider les gens autour de moi, je me fiche de moi en fait. Pas que je sois ce genre de garçon qui aime se faire violenter et tout, seulement ma propre vie ne m’est pas très importante c’est tout. Je n’ai pas de tolérance à la douleur proprement parler non plus. J’aime rendre les gens bien avec eux-mêmes également. J’aime aussi la solitude ainsi, je ne fais de mal à personne quand tout se met à aller de travers dans ma tête.

J’aime la musique, je la dévore même tellement j’aime. J’aime ce qui est doux, cela est pour moi l’occasion de calmer mon esprit. Car j’ai un léger souci avec ma personnalité, quand la peur devient trop grande en dedans je perds le contrôle. Vous voyez l’étrange chose sur mon épaule ? Bah il s’agit de Nymph mon ami imaginaire. Hé non je n’ai pas un humain comme ami imaginaire comme les petits enfants. Moi il s’agit d’une créature que mon cerveau a purement inventée et qui guide mes pas quand la peur et l’angoisse sont trop omniprésentes pour moi. J’ai l’impression quand Nymph est près de moi que rien ne peut m’arriver. En fait selon les médecins qui m’ont traité, je deviendrais très agressif quand je laisse Nymph entrer dans mon monde. Je me souviens de cette pièce toute blanche où l'on m’avait ainsi gardé durant des années et où Nyphm veillait sur moi pendant mes longs sommeils.

Si j’en reviens avec mon côté « normal », je suis un garçon qui souffre également d’un déficit d’attention et d’un manque flagrant d’estime de soi. C’est encore une fois ce que les types en blouse blanche ont dit à maman et papa sur moi. J’aime aussi regarder la télévision, c’est idiot, mais je pars complètement dans la lune et je peux la dévorer des yeux durant des heures oubliant tout le reste. J’aime les histoires, j’aime m’imaginer des histoires dans ma tête le soir en regardant les étoiles dans le ciel. Voilà je ne vois pas trop ce que je peux vous dire de plus sur ma personnalité. Je suis un garçon qui obéit aux règles, mais qui ne fait surtout que poser des questions pour tout comprendre. Ah oui, je déteste qu’on me touche, mais je ne saurais dire la raison de cela.

Comme tous les humains normaux, mon cœur bat, je respire, je parle. Mais je ne pense pas que cela soit la seule chose qui vous intéresse de savoir sur mon apparence n’est-ce pas. Je ne pourrais dire vraiment combien je pèse, car cela fait des années que je ne me suis pas pesé en fait. Je sais juste que je n’ai point de graisse sur mes petits os fragiles. Pour ma grandeur je dirais que je ne suis pas très grand mais pas un nain non plus. Peut-être 1 m 65, peut-être plus ou moins je n’en sais absolument rien. Mes yeux et le reste de mon visage parlent plus que moi-même en fait. Je dirais que je n’ai pas besoin de parler la plupart du temps, car ce visage d’ange (c’est ce que certains m’ont déjà dit) s'exprime à ma place. Ils disent que mes grands yeux violet quasi noir sont magnifiques. Pour moi ils sont plutôt ordinaires, mais bon, c’est leur choix pas le mien. Je me souviens que maman disait que j’avais le même petit nez retroussé qu’elle quand j’étais petit. Visiblement ce petit nez est encore là sur mon visage. Mes cheveux sont d’une raideur incroyable, même pas une simple petite rosette. Ils m’arrivent dans le bas du cou et sont, disons le franchement, placés n’importe comment. Étrangement, ils semblent aimer être dans les airs, mais moi je n’y porte pas vraiment attention. Je porte sur mon oreille gauche une petite croix souvenir de... je ne me souviens plus d’où en fait. Mais je sais que c’est un lointain souvenir. Ce que je sais aussi c’est que mes lunettes aux verres teintés de rouge j’y tiens presque plus que ma vie. Donc, forcément parfois je risque ma misérable petite existence pour les récupérer. Je suis vraiment prêt à tout pour ne pas les perdre. Seulement, je ne me souviens pas exactement pourquoi. Pour mes vêtements bien je porte des pantalons pâles et une chemise assortie, je ne suis pas compliqué, mais je me suis réveillé avec ses vêtements alors je les porte tout simplement. J’aime bien mes bottes aussi, des petites bottes qui me donnent l’impression d’être dans l’armée alors que je n’y suis pas. Le reste de mon corps bah je le camoufle, je n’aime pas le montrer. Oui je suis pudique et alors ? C’est un crime ? Ma voix, pour ceux qui ont l’honneur de l’entendre n’est pas imposante au contraire. Maman disait que j’avais une très jolie voix alors que papa disait que j’avais une voix de fille. C’est comme si cette voix était restée là sans jamais muer en fait ou que je murmurais en permanence. Par contre, quand je crie c’est, disons, très strident. Mes mains sont délicates comme celles des pianistes en fait. Selon papa encore une fois je suis trop efféminé pour être un vrai mâle. Mais, je n’y peux rien, je n’ai pas choisi mon corps, je n’ai pas choisi d’être fait fragile, d’être un faible comme disait papa. Je vous le dis, je suis un humain comme il s’en fait partout, du moins je crois.

Mon enfance, moment étrange de ma vie, je dois vous en parler, il parait. Mais bon, voilà, je suis né quelque part en Europe. Je crois que c’était dans une petite ville en Ukraine, mais encore c’est très vague dans mon simple esprit d’humain. Je me souviens qu’il y avait maman et papa. Je n’ai pas souvenir d’avoir seulement eu des frères ou sœurs. Je peux vous parler de maman avec joie si vous voulez.

Maman se nommait Evelyne, j’aime beaucoup le prénom de maman. Il allait si bien avec ce qu’elle était. Oui maman était un ange qui veillait sur son petit bonhomme qui la suivait partout. En effet, je suivais maman partout quand j’étais enfant. Jamais on ne me voyait loin d'elle, je détestais les autres enfants alors je préférais être tout prêt de maman qui m’apprenait tant de choses beaucoup plus utiles que ce que de soi-disant amis pourraient faire pour moi. Maman était chanteuse et avait une voix si douce, si merveilleuse que je pouvais rester là blotti contre elle dans le champ de fleur l’écoutant chanter. Maman m’a aussi appris à jouer du piano, elle me disait souvent à quel point j’avais des doigts de fée et que je ferais plus tard un très bon pianiste si je le désirais. En fait, maman me valorisait souvent, à ses yeux je pouvais tout faire, car j’étais surdoué et que j’apprenais tout à une vitesse incroyable. Maman était toujours surprise par mon imagination débordante et ma joie de vivre.

Je vous ai parlé de maman alors faudrait que je vous parle de papa pas vrai ? Papa se nommait Mathias, il avait un joli nom lui aussi en fait. Mais seulement, il était un peu le contraire de maman. J’ai toujours su que papa m’aimait, mais il ne me le démontrait pas tout simplement. À ses yeux j’étais le petit garçon asocial qui refusait d’aller vers les autres. J’étais aussi le petit garçon à sa maman qui ne lâchait pas ses jupes en tout temps. Je n’étais pas assez tout finalement. Ma voix, mon corps étaient trop délicats pour papa. Sans oublier le fait que j’aimais la cuisine et la musique ce qui n’aidait pas à arranger ses impressions à mon égard non plus. Pour papa j’étais un garçon raté, une petite fille dans ce corps masculin quoi. Il s’est déjà moqué de moi une fois en me fichant en robe pour me forcer à aller jouer avec les autres enfants de mon âge. Je m’en souviens, car ils ont tellement ri de moi ce jour-là. Je suis arrivé à la maison en pleurant pour aller me blottir contre maman. Elle et papa ont eu ce soir-là une énorme dispute à cause de cela. Maman était très fâchée après papa de ce qu’il avait fait et c’est là que j’ai entendu les paroles les plus blessantes de la bouche de papa.


« J’ai honte d’avoir ce môme Evelyne tu comprends ça ? J’ai honte de lui, il n’est pas un véritable garçon. Il n’est pas normal. »

Hé voilà, c’est à ce moment que tout se détériora dans mon esprit d’enfant. Papa me détestait et rêvait de se débarrasser de moi. J’étais démoli complètement et je me suis enfermé pendant des jours dans ma chambre pleurant sans arrêt. Je faisais honte à papa, il me détestait et ne voulait plus de moi, car je n’étais pas un bon petit garçon. J’ai tellement pleuré ce soir-là, ces jours-là ou je restais enfermé dans ma chambre sans donner d’explications à mes parents sur le pourquoi je ne voulais plus voir personne. Seulement, j’avais tellement mal intérieurement que je crois que c’est à ce moment-là que Nymph est apparu dans mon esprit. Pendant des jours nous étions ensemble à jouer et tout le reste n’existait plus. J’étais totalement dans un autre monde, un monde ou plus personne ne pouvait me faire de peine. Vous savez l’esprit d’un enfant peut parfois être intense quand il a de la peine au plus profond de son être. Pour un enfant se sentir abandonné par un parent est la pire chose jamais ressentie. C’est exactement comment je me sentais à l’époque.

Mais un jour papa en a eu assez et est venu dans ma chambre pour m’y sortir de force et m’amener dans la cuisine pour que je mange enfin. J’étais vraiment horrible à voir tellement j’étais rendu maigre. Maman était tellement inquiète pour son petit ange qu’elle pleurait sans arrêt. Puis voyant maman aussi triste j’ai mangé et endormi Nymph afin de rassurer maman. Pendant quelques jours tout semblait être revenu normal, du moins je crois. Mais mes parents ne cessaient de se disputer à cause de moi qui parlais maintenant tout seul selon papa. Mais je ne parlais pas tout seul, je parlais avec Nymph tout simplement. Seulement, je réalise aujourd’hui que papa ne voyait pas Nymph pareil pour maman. Alors que moi je gardais dans la tête qu’ils devaient me croire, Nymph existait vraiment. Mes parents se sont séparés peu de temps après. Mon père ne voulait plus me voir, à ses yeux j’étais la chose la plus honteuse jamais eu de sa vie. Cela fit pleurer maman pendant des jours, semaines voir des mois.

Pour le bien de maman je ne lui parlais plus de Nymph, je ne voulais pas lui faire encore plus de mal qu’elle en avait déjà. C’était maman et je l’aimais tellement que je ne voulais pas lui faire de tort. Je devais avoir douze ans quand Nymph revint dans ma vie au grand découragement de maman. Alors que tout allait bien elle et papa avaient repris contact et papa était revenu à la maison. Maman lui avait dit que tout de mon côté était revenu normal, que j’avais de bonnes notes à l’école et tout. Rassurer papa opta pour revenir et tenter de faire de moi un véritable garçon. Seulement peu de temps après son retour je me suis mis à faire d’horribles cauchemars et parfois je me réveillais couvert de bleu sans me souvenir pourquoi. J’avais de nouveau perdu mon appétit et Nymph revint vers moi sentant ma détresse afin de veiller sur moi. Papa m’entendit un soir lui parler et devint fou de rage. Je n’ai jamais reçu une correction aussi douloureuse. Les quelques jours qui ont suivi furent une séance de dispute entre mes parents à nouveau. Mais après une longue discussion entre eux, il fut décidé que je consulte un psychologue pour me faire comprendre que Nymph n’existait pas, qu’il était le fruit de mon imagination d’enfant. Mais vous savez quand on croit tellement profondément en un truc c’est dur de le faire partir. Résultat je me suis fait interner à l’âge de treize ans. Ce qui c’est produit par la suite je n’en ai plus le moindre souvenir. C’est comme si de ce moment-là à aujourd’hui il me manquait une brève partie de l’histoire de ma vie. Ce dont je me souviens c’est que J’ai même pu réussir à me sauver de cet endroit et me faufiler dans les corps qui se trouvaient sur le sol vers la maison de mon enfance. Je trouvai papa sans vie rapidement vidé de son sang. Je devais trouver maman et je finis enfin par la retrouver agonisante sur le sol et je me jetai dans ses bras les larmes sur les joues.


« MAMANNNNNNNNNNNNNNNNNNNNNNN »

Elle me prit une de mes mains délicates et trouva la force de me sourire malgré la mort qui animait son visage tout doucement. Un baiser d’adieux se manifesta sur son visage parfait et elle me donna une de ses boucles d’oreille en forme de croix tout en me caressant les cheveux.

Citation :

« Mon ange veille sur toi… maman sera toujours là pour toi Eïrin… toujours là… »

C’est les derniers mots que je pus entendre de maman et je m’écroulai ainsi contre elle pleurant tout mon être. Ma maman chérie était morte, j’étais seul et j’avais peur. Mes doigts tremblants réussirent tout de même à mettre la boucle d’oreille puis un bruit attira mon attention et mon regard rempli de larmes se tourna vers cette personne qui me regardait étrangement, mais je m’en fichais, car on m’avait pris maman. Je perdis connaissance par la suite et à mon réveil, je me retrouvais enfermé à nouveau ...

Depuis mon arrivée dans cet endroit étrange, certains points chez moi n’ont pas changé. Je ne vois pas trop pourquoi je devrais changer. J’aime poser des questions, seulement cela n’est pas toujours apprécié et parfois même vu comme un signe de provocation. Sauf qu’ils se trompent tellement. Une des choses qui a changé chez moi c’est mon isolement, avant j’étais de ceux qui aidaient les autres. Aujourd’hui je suis de ceux qui restent dans leur coin faisant tout pour être le plus discret possible. Je suis toujours aussi trouillard et cet endroit me fait terriblement peur, heureusement j’arrive encore à me blottir dans les bras de Nymph. Maman me manque terriblement, cela m’a même coupé davantage l’appétit. Puis, souvent je me réveille la nuit pour la chercher et après avoir erré et dérangé les autres je réalise qu’elle ne reviendra jamais.

En environ six mois, je dirais que la musique me manque beaucoup, mon esprit est de plus en plus troublé et parfois j’ai l’impression de perdre le contrôle de mes émotions. Je n’aime pas ne pas comprendre ce qui m’arrive et me sentir en danger. Mais, je suis perdu car je déteste défier l’autorité. Heureusement, Nymph est toujours près de moi et je n’ai jamais depuis mon arrivée parlé de lui à qui que ce soit ne voulant surtout pas qu’on nous sépare à nouveau. Je me délecte maintenant de la solitude le jour et de la présence de Nymph le soir avant de m’endormir dans ses bras pleurant maman au passage. J’ai aussi remarqué que je devenais agressif seulement quand on tentait de me toucher ou de faire des trucs louches avec mon corps. Heureusement, personne n’a été plus loin avec mon corps que des trucs « médicaux ». Personne ne m’a battu ou violé. Seulement, j’ai si peur ici. Nymph, aide-moi, aide-moi à partir loin d’ici même si c’est pour sombrer dans les bras de maman.